Au printemps de l’an 52 avant J.C, les armées romaines et gauloises remontent l’Allier en direction de Gergovie. César prévoyant le siège de la capitale arverne fait dresser deux camps dits « romanières » qui deviendront beaucoup plus tard l’Armonière de Luzillat et de Limons . Des aristocrates gaulois, venus dans le cortège des vainqueurs d’Alésia colonisent alors les terres des rives de l’Allier, fertiles certes, mais ruinées par le passage des armées. Ainsi apparaîtront les villages de Vialle, Villard, Villeret et Luzillat.

Le pays prospère malgré ou grâce à l’asservissement du peuple gaulois, nous sommes au IIIè siècle. Mais déjà se profilent à l’horizon, les grandes invasions barbares qui bouleverseront le paysage de nos ancêtres : les villages sont détruits puis abandonnés aux environs de Demolle qui naît peut-être de cette confusion venue du nord. Au Vè siècle, la première communauté chrétienne s’installe à Luzillat de même que le pouvoir romain disparaît au profit de la domination visigothe puis Franque en 507. C’est dans cette période que s’érige la première église autour de laquelle se constituera la paroisse.

En approchant de l’an mil, le château fort de Montgacon fait son apparition, puis suivront les châteaux de Daires, Luzillat et Murol. En 1050, l’église n’étant plus que ruines, les moines de la communauté devenue bénédictine, entreprennent la construction de l’actuel édifice. En 1052, Robert de Turlande, patron de l’abbaye de la Chaise-Dieu, de passage à Luzillat observe la misère et opère un miracle représenté sur un vitrail de l’église Les années passent, les siècles défilent, les seigneurs se succèdent sur le sol luzillatois.

Carte de Cassini XVIIe siècle

Le 27 mars 1566, la cloche de l’église se met à sonner à toute volée pour saluer le passage du cortège du roi Charles IX, accompagné de sa mère, la régente Catherine de Médicis. Mais déjà la monarchie est chancelante. Sa chute en 1789 apporte à Luzillat vicissitudes et péripéties. Tout d’abord les biens appartenant à la communauté religieuse sont mis en adjudication et vendus. Les Bénédictins quittent la paroisse. Le curé doit également s’enfuir et se cacher. Le second vicaire, Pierre Reyts, jure fidélité au roi et à la nation, puis il se rétracte, il sera déporté. A Vialle, l’église est démolie et la paroisse rattachée à celle de Luzillat pour former la commune de Luzillat. Pierre de Saint Giron en est le premier magistrat tandis que Quintien Garret, maire de Vialle est démis de ses fonctions suite à l’unification. A la mi mars 1794, on plante deux arbres dits de «La Liberté»: l’orme de la Choye et l’orme de Bayard. Cependant les Luzillatois ignorent les décrets de la Révolution et font fi du calendrier républicain. Pierre de Saint-Giron sera alors évincé et remplacé par un homme plus favorable au changement, Charles Robillon. S’en suit alors l’irrésistible déclin de la commune. Ce sera Maringues qui obtiendra le chef-lieu de canton. 

Le transport des marchandises par voies d’eau, principale activité des habitants de Vialle et de Luzillat, est peu à peu remplacé par le chemin de fer qui ne passera pas par la commune. Les peigneurs de chanvre de La Barbine voient, eux aussi, leur métier péricliter. Seul Demolle conservera son originalité et son identité ainsi qu’une certaine aisance due à une agriculture diversifiée. Enfin, le pont sur l’Allier se construira à Limons et la commune gèrera sa ruralité. 

En 1855, le cimetière sera établi à la sortie nord du bourg et l’on construira le perron de l’église. Cette courte période florissante sera marquée par la construction de nombreuses demeures de bonne architecture dont le château de Murol, propriété des Teilhard de Chardin, est un bel exemple. 

Evidemment, la grande guerre n’épargna pas notre commune. 

Les noms suivants sont inscrits sur le Monument aux Morts :

Antonin Pouzier, Charles Théophile Eugène Garmy, Claude Morin, François Raynaud, René Dousse, François Désormière, Jean Joseph Barthelat, , Damien Marius Compte, Ernest Félix Barthelat morts en 1914.

Joseph Antonin Robillon, Antoine Fournier, François Maître, Joseph Gorce, Pierre Meunier, Gabriel Pouzier, Jean Raynaud, Pierre Trébuchet, Antonin Faucher morts en 1915. 

Jean Baptiste Maziller, Jean Baptiste Soalhat, Jacques Sujet, Ernest François Chevodonnat, Ernest Etienne Dauge, François Chabanne, Alexis Pierre Vallaude, Antoine Marie Alexandre Bouche, Etienne Come Chaput, Benoît Duzelier morts en 1916. 

Alphonse Riffaud, Alphonse Théophile Pouzier, Emile Théophile Palaget, Raymond Auguste Vallaude, Louis Derizet, François Raynaud, Gabriel Vallaude morts en 1917 . 

Auguste Garmy, Eugène Roux, Antonin Honoré, Edouard Robillon, Félix Jean Buffet, Louis Jean Marie Carre, Joseph Robillon, Alfred Jean Germain Faure, Lucien Pélissier morts en 1918. 

Quant à Paul Dauge (Demolle), Paul Robillon (Luzillat), George Petit (Demolle) et Fernand Bregheon (Vendègre) ils ont payé leur tribut à l’envahisseur allemand en 1940. 

Article écrit par Gérard SOUMILLARD