Colombes et tourterelles font partie de la famille des pigeons. Ces volatiles sont élevés depuis l’antiquité à des fins le plus souvent religieuses. C’est l’oiseau de la paix ou de Vénus. Pline l’ancien (naturaliste romain, Ier siècle après JC) a donné des instructions précises pour l’élevage des pigeons et l’art de construire des colombiers. En France, l’introduction des pigeonniers est sûrement due aux légions romaines. Pendant des siècles, seuls les monastères et les seigneurs avaient le droit de posséder un pigeonnier, symbole de puissance et de richesse.

La coutume d’Auvergne recueillie au XVIIIe siècle, précise que tout un chacun peut construire un pigeonnier en la forme qu’il juge à propos. Au sein de l’ancienne province d’Auvergne, la plaine de Limagne s’impose comme le pays des pigeonniers. Dans cette région céréalière, l’élevage des pigeons garantissait en effet des ressources en viande et en engrais, grâce à la colombine particulièrement fertilisante.

Les pigeonniers sur poteaux sont caractéristiques de la Grande Limagne, des plaines marneuses occupant l’emplacement des anciens marais au nord de Clermont Ferrand : marais de Riom, d’Ennezat, de Maringues et la plaine de Randan. Ce type original paraît remonter au XVIIe siècle.

Quatre poteaux de bois dit pieds de mulet, supportent le nichoir de forme plus ou moins cubique. Le type le plus courant présente un système à encorbellement sur aisseliers, peut être un dispositif anti-rongeur. Les poteaux peuvent être reliés entre eux au niveau des aisseliers par des poutres complétées de guettes en croix de Saint André destinées à renforcer l’ensemble.

Dans de nombreux cas, le périmètre entre les poteaux a été clôturé par des cloisons en pisé, en briques ou en planches, pour aménager porcherie ou resserre, l’espace laissé libre sous les sablières du nichoir pouvant servir de séchoir à fagots.
Construit en pans de bois, le nichoir possède en général deux niveaux de croix de Saint André mais le deuxième niveau présente parfois des pans de bois orthogonaux en grille. Un enduit cache le plus souvent le remplissage des pans de bois, mortier ou pisé parfois mêlé de briques. Le toit pyramidal en tuiles plates porte un lanterneau coiffé d’un toit similaire et surmonté d’une girouette ou d’un épi de faîtage. L’intérieur du nichoir est accessible par une trappe.

Les pigeonniers sur resserre ou four constituent le deuxième grand type, de loin le plus représenté. Ils datent en majorité de la fin du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Les murs, en pisé sur solin de galets sont souvent couronnés d’une génoise ou d’une corniche de briques polychromes. Au rez de chaussée se trouve la resserre ou le fournil. Très souvent le premier étage est occupé par un grenier ou par une chambre destinée à loger un domestique.

L’aménagement du nichoir, au dernier niveau, est similaire à celui des pigeonniers sur poteaux. Le toit pyramidal en tuiles plates ne comporte pas de lanterneau.

Les pigeonniers sont associés à la culture de la vigne, très importante dans la région jusqu’à la crise phylloxérique de la fin du XIXe siècle. En effet, les viticulteurs utilisaient la colombine comme engrais naturel. On note aussi que cette même colombine permit la prospérité de la culture du chanvre.  

L’arrivée des engrais chimiques signa l’arrêt de mort des pigeonniers et arrêta par ricochet la culture du chanvre.

Les pigeonniers font l’objet aujourd’hui d’une politique de sauvegarde du patrimoine, notamment par la communauté de communes qui accorde des aides pour leur restauration.